Gil Linster ou la force tranquille (+ Vidéo)
Engagé ce weekend du côté de Venray au Pays-Bas, Gil Linster n’a pas vécu le weekend qu’il avait rêvé. Mais le pilote luxembourgeois a fait preuve d’une détermination de fer pour vaincre la frustration occasionnée par des décisions douteuses de la direction de course.
Le sport mécanique luxembourgeois, une famille !
Alors que Gil Linster se retirait, casque audio sur ses oreilles, afin de préparer au mieux sa première course, nous remarquions que le sport mécanique est réellement une famille. D’une part, parce que certains accompagnateurs de Gil suivaient depuis leur smartphone la course de Dylan Pereira au Nürburgring, d’autre part par la présence sur place d’acteurs du sport moteur. Victorieux à Soisson la veille, Pol Leytem était présent à Venray pour encourager le numéro 44, son idole et mentor. « Gil est mon modèle. (…) Il est venu me voir à Lommerange et devrait assister à d’autres de mes courses. Il est un coach pour moi », expliquait le jeune pilote de karting.
La deuxième course se passait mieux pour le Luxembourgeois, même s’il ne pouvait suivre le tempo d’Adriaenssens, le pilote belge possédant une voiture plus puissante. Sixième une bonne partie de la course, Gil Linster feignait de plonger à l’intérieur obligeant Sokolovskiy à fermer la porte. Il récupérait la trajectoire idéale et passait le Russe pour terminer cinquième.
Maessen de son côté avait terminé quatrième avant d’être reclassé cinquième, pour non-respect des trajectoires de course. Le pilote néerlandais avait en effet dépassé des concurrents en prenant une trajectoire supérieure à la plus haute trajectoire autorisée. Il s’en sort néanmoins très bien puisqu’il avait au moins gagné deux places en agissant de la sorte.
(Article d'Andy Foyen)
Gil, avant de revétir son armure (Photo: Nancy Lambert) |
Le sport mécanique luxembourgeois, une famille !
Nous étions déjà dans son box quand Gil Linster arriva. Toujours vêtu d’habits de ville, il commentait le problème le plus épineux auquel les pilotes des V8 seraient confrontés, la météo incertaine. « Ça va très bien. Je suis en pleine possession de mes moyens. Je suis bien préparé. La météo est un peu capricieuse, mais ce sont les mêmes conditions pour tout le monde », commentait-il. « Je vais utiliser les essais libres pour modifier quelques réglages sur la voiture. Nous allons lui chausser les pneus pluie et nous verrons comment elle se comportera. »
C’est pourtant bien chaussée de slicks que la Chevrolet SS gagnait l’ovale humide alors que nous gagnions nos places dans les gradins. Après quelques tours à allure modérée, les fauves étaient finalement lancés pour l’unique séance d’essais libres. Gil Linster y a passé l’intégralité au coude à coude avec Philipp Bachor, se rassurant au passage sur ses sensations. « Nous avons finalement choisi de risquer de sortir en slicks. C’était important, parce que je crains que la piste s’assèche au fur et à mesure. Elle devrait être en condition intermédiaire. J’ai donc dû utiliser ces essais libres pour trouver mes trajectoires de courses. Je devais essayer de trouver deux lignes plus sèches ou je pourrai rouler pendant la course », expliquait-il.
Gil Linster et Pol Leytem, le présent et l'avenir (Photo: NL) |
Une intervention abusive ?
La grille de départ est dans l’ordre inversé du classement au championnat. Gil Linster partait donc antépénultième. Il effectuait néanmoins un excellent départ sur cette piste humide et trouvait rapidement l’ouverture sur ses adversaires. Il reléguait ses concurrents au titres, Maessen et Adriaenssens à plusieurs longueurs. Mais Sokolovskiy partait en tête à queue et la course passait sous le régime d’une voiture de sécurité virtuelle. Au restart, Gil Linster se fait talonner par Maessen, mais possédait un avantage non négligeable par rapport à son rival néerlandais. En effet, le Luxembourgeois était sur la trajectoire idéale jusqu’à ce que la direction de course en décide autrement. « La direction de course m’a annoncé que je dois changer de trajectoire parce que la voiture derrière moi est plus rapide. Ma foi … », pestait le résident de Frisange. De surcroît, arrivé cinquième, il écopait d’une pénalité pour changement abusif de trajectoire. Mais Gil Linster ne se laissait pas décourager : « J’espère que pour la prochaine course j’aurais une telle avance sur ce concurrent que je n’entendrai plus de telles âneries dans mes oreillettes. »
L'abstraction, la force de Gil (Photo: NL) |
En manche finale, Gil Linster aurait à coup sûr espéré mieux que la septième place. Mais le pilote luxembourgeois s’est cassé les dents sur un Philipp Bachor particulièrement récalcitrant. Il termine finalement la journée en septième position, cédant 39 unités à Maessen et 40 à Adriaenssens.
Mariage pluvieux, mariage heureux
Le dimanche, c’est un Gil Linster un tantinet préoccupé que l’on retrouvait dans le box. Les averses de la veille avaient laissé place à une pluie continue, condition que le résident de Frisange n’avait encore jamais pris part à une course sous la pluie battante. « Ce qui sera difficile, c’est que ce sera très glissant. La voiture est conçue pour coller au sol, compte tenu de l’inclinaison de la piste. La pluie par contre annihile entièrement le grip. Il va falloir réaliser des petits dérapages très précis », appréhendait-il.
Mais ce manque d’adhérence et de visibilité, Gil Linster le compense avec un talent inné à rouler sous ces conditions. C’était d’ailleurs en pilotant une Ford Mustang sous la pluie qu’il avait été découvert. Il réalisait une course magnifique, profitant de la faible différence de vitesse entre les voies intérieures et extérieures pour prendre systématiquement le meilleur sur ses adversaires. Il tente par deux fois de chiper la première place à Verberkt mais sans y parvenir. Il doit finalement baisser son rythme à cause d’un problème de … fenêtre qui laisse s’infiltrer l’eau avant qu’elle ne s’évapore réduisant presqu’à néant sa visibilité.
Maessen protégé? (Photo: NL) |
Un épilogue dont on se serait bien passé
La deuxième manche s’avérait un peu plus compliquée pour Gil Linster. Il était contraint de laisser filer Maessen, mais il pouvait se réjouir de passer virtuellement devant Adriaenssens au classement général. Il fallait désormais terminer ce weekend en beauté lors de la finale du dimanche. Dès le départ de cette dernière, Gil Linster et Barry Maessen se livraient une bataille sans merci dans le trafic. Peu après la mi-course, Maessen parvenait à créer un petit écart en sa faveur avant de buter sur Bachor. Ne parvenant pas à prendre le meilleur sur l’Allemand, Linster et van Eerd faisaient la jonction. Au 23e tour, le néerlandais décidait d’attaquer par l’intérieur. Mais il ratait son freinage. Son surplus de vitesse l’entrainait sur la trajectoire extérieure ou se trouvait l’Allemand. Philipp Bachor est alors envoyé dans le mur et Gil Linster, qui était dans son sillage ne peut l’éviter. Il heurte la numéro 21 de plein fouet. Game over.
Evidemment, la direction de course se devait de réagir, mais sa décision est extrêmement étonnante. Philipp Bachor est disqualifié pour avoir quité sa trajectoire ! Il est difficile de suivre le raisonnement de la direction de course, car le seul à avoir quitté sa ligne porte le numéro 14 et s’appelle Barry Maessen. Dans le clan allemand et luxembourgeois, tous les deux abattus par ce qu’il vient de se passer, on s’accord à dire qu’un élément de réponse se trouve dans le fait que Barry Maessen se trouve être le fils d’Harry Maessen, propriétaire du circuit. Mais honni soit qui mal y pense.
Toujours est-il que ce résultat, clairement tronqué par cette décision absurde marque un revers pour Gil Linster à qui il manquait justement un unique tour pour marquer des points dans cette ultime manche. Mais le Luxembourgeois fait à nouveau preuve de ce positivisme qui constitue l’une de ces principales forces. « Je garde une bonne impression de ce weekend. J’ai pu suivre les pilotes les plus rapides. (…) Je vais bien me préparer pour les dernières courses du championnat. A certains pilotes, je laisserai peut-être un peu plus de place. A d’autres je ne céderai plus aucun centimètre », concluait Gil Linster, montrant une irrésistible soif de revanche.
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