L'aventure allemande de Ken Krüger


(Photo: Honza Froněk)

Marchant dans les traces de copilotes comme Leon Linden, Win Jacoby ou encore Nico Demuth, Ken Krüger participait ce weekend à son deuxième Rallye WRC. Partageant le cockpit d’une Renault Clio RS avec son père Patrick Gengler, le jeune luxembourgeois améliorait d’une place sa performance de l’année passée en se classant 32e, deuxième de sa catégorie.

(Propos recueillis par Andy Foyen)

Ken, l’ADAC Rallye Deutschland commençait pour le public. Mais pas pour les pilotes et les copilotes, n’est-ce pas ?
Oui, en effet. Pour nous, le rallye a commencé le lundi avec tout le travail administratif. Mardi et mercredi, on faisait les reconnaissances. On était donc assis du matin au soir dans la voiture pour rouler sur les différentes spéciales qui étaient au programme. Le rallye a véritablement commencé le jeudi avec le shakedown de 13h 30 à 16h. Ensuite, on a fait notre première spéciale jeudi entre 19h et 20h. Le rallye s’étendait encore sur le vendredi et le samedi pour se terminer le dimanche à 14h.

Après la première spéciale show du jeudi, vous pointiez 44e. Vendredi, vous clôturiez votre journée en 40e position. Racontez-nous cette première véritable journée.
C’était compliqué. Dès la première spéciale du vendredi, nous avons eu un gros problème de freins. Après dix kilomètres, nous n’avions quasiment plus de freins. Patrick pouvait pousser autant qu’il voulait, la voiture ne freinait pas comme elle le devait. Et on a eu de la chance. Il y avait un point de freinage critique auquel on arrivait avec une vitesse supérieure à 140 km/h. On est parvenus à s’arrêter juste avant une voiture de commissaire de course. Nous avons ensuite effectué le reste de la spéciale au ralenti pour être certain de ne rien toucher. Ces problèmes de freins nous ont suivi tout le weekend. Ils ont toujours apparu après dix kilomètres de spéciale. Donc nous pouvions rouler normalement pendant dix kilomètres, ensuite nous devions adopter un style de conduite très prudent. Ce problème a affecté naturellement notre confiance et il nous a naturellement bridé.

Oubliée la frayeur de la veille, vous repartiez pied au plancher le samedi matin.
Exactement. Pour le samedi matin, les spéciales étaient assez courtes et ne dépassaient pas les quatorze kilomètres. On savait donc que nos freins allaient plus ou moins tenir la distance et nous pouvions attaquer. Nous avons signé des temps très intéressants et nous étions évidemment satisfaits de notre matinée. Pour la soirée, les spéciales étaient autrement plus exigeantes avec une « Panzerplatte » de 41 kilomètres qui était particulièrement sale et dangereuse, et la plus courte « Arena Panzerplatte », courue en préambule. Il y avait de très grosses pierres sur la route. Le risque de crevaison était énorme. C’est ce que nous voulions éviter à tout prix, et donc nous avons roulé à un rythme avec beaucoup de précautions. A l’avant-dernière spéciale du jour pourtant, l’ « Arena Panzerplatte », nous avons eu une crevaison après deux tiers du parcours, mais nous avons pu rejoindre l’arrivée sans encombre. C’est alors que nous avons changé la roue. Le deuxième passage sur la Panzerplatte était de nuit. C’était la première fois que nous la parcourrions dans ces conditions. Nous étions donc pendant la nuit sur une spéciale de 41 km que nous ne connaissions pas bien avec des freins qui ne performaient que pendant dix kilomètres. C’était le plus important défi du weekend.

La diversité du paysage, une des caractéristiques majeures du rallye (Photo: Honza Froněk)

Et vous vous en êtes très bien sortis. Il ne restait alors « plus » que la journée du dimanche et ses 80 kilomètres.
En effet. Le dimanche a commencé très tôt, vers 7h 15. Il y avait au programme deux spéciales dans les vignes à parcourir deux fois. L’une faisait 30 km et l’autre 10 km. Malheureusement, celle de 30 km a été neutralisée lors du second passage. C’est surtout dommage, parce que dans les deux, c’était celle qui nous plaisait le plus. En effet, sa diversité était très plaisante. Elle comportait vignes, traversées de villages, routes de campagnes, etc. Mais pour le reste, tout s’est très bien passé. Nous avons bien roulé, même si nous n’avons plus vraiment attaqué. Notre but était de rallier l’arrivée sans griffe ni bosse. Et nous y sommes parvenus.

Un Rallye WRC est toujours extrêmement éprouvant. Quel était, à tes yeux, l’aspect le plus fatiguant ?
C’est difficile de dégager un élément en particulier. Les reconnaissances prennent beaucoup de temps. Par exemple, pour la spéciale « Panzerplatte » de 41 km, pendant une heure et demie, on était sur le parcours pour en noter toutes les subtilités. C’est très énergivore. Mais ce qui est encore plus fatiguant, ce sont les quatre jours de rallye. De jour en jour, l’heure du réveil était avancée et l’heure du couché retardé. Le vendredi, par exemple, notre première spéciale du jour avait lieu à 10h, tandis que le dimanche, nous devions déjà être à 6h au service parce que nous devions partir à 7h. En plus la journée du samedi s’est terminée après minuit et il fallait se lever à 5h 30. Ensuite, il faut être toute la journée dans la voiture par une température de 30°C. C’est ce qui est le plus difficile à gérer. Un jour de rallye de plus, ce serait un jour de rallye de trop.

Tu avais déjà fait l’ADAC Deutschland Rallye l’année dernière. L’expérience glanée alors t’a-t-elle aidé pour cet opus ?
Oui, clairement. Un rallye WRC, c’est le plus haut niveau qui existe. Quand on y participe pour une première fois, il y a tellement d’éléments que l’on ne connaît pas, rien qu’au point de vue administratif. Il y a tellement de subtilités dans le règlement qu’il faut savoir sur le bout des doigts. L’année dernière par exemple, je n’avais pas vu un point du règlement qui disait qu’on ne pouvait utiliser que 30 pneus. On en a finalement utilisé 33 et on a donc écopé d’une pénalité de six minutes. J’ai appris de cette erreur qu’il faut redoubler d’attention sur chaque aspect du règlement, et cette année, on n’a évidemment plus fait cette erreur. Mais l’expérience joue également un grand rôle pendant les spéciales. Le Rallye d’Allemagne ne ressemble en effet à aucun autre rallye que nous avons l’habitude de rouler. A travers les vignes, par exemple, il est très difficile de trouver un bon rythme pour lire les notes. Il y a certains kilomètres pendant lesquels il faut parler extrêmement vite, parce qu’il y a beaucoup de virages qui s’enchaînent très rapidement. Et ensuite, sur des portions plus droites, il faut de nouveau davantage espacer les notes. Mais comme j’ai fait ce rallye l’année dernière, je me suis rappelé ces spécificités, ce qui a rendu mon travail meilleur.

Les vignes, un des défis du rallye (Photo: Honza Froněk)

Êtes-vous satisfaits du résultat final ?
Nous sommes évidemment très satisfaits du résultat. Nous nous sommes améliorés d’une place par rapport à l’année dernière et nous avons pris une belle deuxième place dans notre catégorie et ce malgré nos problèmes de freins. Mais il faut garder à l’esprit que dans une épreuve du championnat du monde, le classement n’est pas primordial pour nous. Tout ce que nous voulions, c’est de profiter de la chance que nous avons de prendre part à cette aventure et évidemment arriver en un seul morceau. Et nous avons réussi.

Quelle sera la suite de ta saison ?
Mes derniers rallyes de la saison seront tous à la droite de Max Reiter. Nous sommes engagés dans la HJS Cup. Nous roulerons le Litermont Rallye pour nous remettre en jambes avant de faire la prochaine manche, le Rallye Days Hessen. (…) Nous avons pour objectif de remporter ce championnat. Nous pourrions alors faire le Championnat d’Allemagne avec une plus grosse voiture pour 2020.

Le Rallye d'Allemagne, une réussite pour le duo luxembourgeois (Photo: Honza Froněk)


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