A la découverte du Sim Racing

Photo : Nancy Lederle-Kloos

Tout doucement, le sport mécanique reprend ses droits. Du côté luxembourgeois, on est avant tout attentif au début de saison tonitruant de Dylan Pereira en Porsche Mobil 1 Supercup, dont il occupe largement la tête du championnat. Mais avant de s’intéresser à la reprise des compétitions, il convient de mettre en lumière le seul sport mécanique auquel on a eu droit pendant près de quatre mois : Le sim racing. Nous avons contacté un adepte de la première heure : Yves Lederle.

Par Andy Foyen

Qui est Yves Lederle ?
Le nom d’Yves Lederle ne vous dit peut-être rien. Grand fan de NASCAR, il a disputé en 2004 une saison de stock-car dans les rangs de l’équipe de Kayl avec une Ford Granada. Depuis, ce n’est plus dans le « réel » qu’il est resté actif, mais bien dans le virtuel. En 2007, il a disputé sa première course sur ordinateur. « J’ai commencé les courses de simulation sur l’ordinateur avec le jeu Race07. Il possédait la franchise du WTCC. Parallèlement, je me suis également essayé à la NASCAR avec le jeu NASCAR Racing 2003 Season », se rappelait-il.

Mais en 2008, le sim racing vivait une véritable révolution avec l’arrivé d’iRacing sur le marché. Devenu la référence dans le domaine, iRacing permet à des pilotes du monde entier de s’affronter dans des courses en ligne. Yves Lederle en a d’ailleurs fait l’acquisition dès 2009. « Question simulation de course, iRacing est très fort. Il y a moyen de préparer une tactique à la base, mais comme dans la vraie vie, il faut savoir l’adapter aux aléas de la course. Parfois il faut même revoir la tactique depuis le début en pleine course », nous expliquait-il.

Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver des noms bien connus comme celui de Verstappen au départ des courses les plus prestigieuses, comme les 24 Heures de Spa Francorchamps. Malgré une adversité non négligeable, le pilote luxembourgeois a réussi a épingler à son palmarès les 24 Heures de Daytona.

Yves Lederle a commencé le sim racing en 2007 (Photo : Nancy Lederle-Kloos)

Les avantages du Sim Racing
Les sports mécaniques sont très onéreux. Ce n’est évidemment un secret pour personne et encore moins pour Yves : « Dans le stock-car, pour avoir une bonne voiture dans la plus haute catégorie, il faut compter entre 10'000 et 15'000 euros. Mais nous n’avons évidemment aucune garantie que la voiture restera entière au terme d’une journée de compétition. Le budget peut ainsi réellement exploser. » C’est dans cet optique que le sim racing est très avantageux. Avec moins de 1000 euros, on peut avoir ce qu’il y a de mieux dans le domaine des sièges baquets pour la simulation, et à partir de là, on peut piloter tous les types de bolides sur tous les types de compétition.

Ce qui rend le sport mécanique extrêmement difficile, c’est qu’il est loin d’être évident de trouver la limite. En effet, le plus commode pour savoir où elle se trouve, c’est de la dépasser. Mais à la différence des autres sports, dépasser la limite peut avoir des conséquences dramatiques sur le pilote et accessoirement sur son porte-monnaie. L’idéal serait donc de dépasser ces limites sans risque et c’est justement là que le sim racing intervient. « Dans la simulation, on s’arrange pour prendre plus de risques que ce qui serait raisonnable », expliquait Yves Lederle. « Ainsi, lorsque que l’on s’essaie au même tracé avec la même voiture, on a déjà une petite idée de jusqu’où l’on peut aller. Cela permet d’améliorer ses temps en limitant le risque de terminer dans le mur. »

Enfin, un avantage extrêmement important du sim racing est qu’il est accessible à tous, comme nous le confiait le résident de Dudelange : « Pour les personnes qui ne sont pas issues d’une famille fan de sport mécanique et qui n’ont jamais vu les coulisses de tels événements, la simulation permet de se frayer quand-même un chemin vers la compétition. Il n’est en effet pas exclu que les personnes qui prennent le plus de plaisir dans la simulation osent ensuite faire le grand saut. Les exemples de pilotes qui ont commencé sur un sim racing avant de d’entrer dans la série VLN en Allemagne ne sont pas négligeables. En ce sens, la simulation peut véritablement faire office de tremplin. »

Le sim racing est très abordable au niveau financier (Photo : Nancy Lederle-Kloos)

Une technologie qui peut encore progresser
Au moins depuis les succès du projet de la Nissan GT Academy qui visait à sélectionner les meilleurs pilotes de sim racing (sur le jeu Gran Turismo) pour les faire concourir dans des compétitions réelles officielles, on sait que le sport mécanique est compatible avec sa simulation. Mais certains aspects de la course automobile restent irremplaçables à l’heure actuelle, comme nous l’expliquait Yves Lederle : « Ce qui fait défaut à la simulation, c’est l’aspect physique. On ne peut pas (encore) reproduire l’effort que l’on fait derrière un volant dans la vraie vie. » Même si certains systèmes ont été mis au point pour pousser le réalisme plus loin, le pilote de sim racing ne pourra toujours effectuer que des mouvements de faible amplitude et ainsi les sensations de course ne pourront jamais être fidèles à 100%.

En conclusion ?
Ce que nous avons appris de notre entretien avec Yves Lederle, c’est que le sim racing est réellement devenu une discipline à part entière. A l’image du basketball, conçu à la base pour garder les joueurs de football américain en forme à l’intersaison, la simulation a réussi à se distancer quelque peu du sport automobile. Elle permet néanmoins d’apprendre beaucoup et de prendre du plaisir sans pour autant dépenser des fortunes. En ce sens, les sport mécanique et la simulation sont complémentaires. La plus grosse erreur serait de voir la simulation comme un remplacement du sport automobile. Au contraire, le sim racing doit être utilisé à bon escient, et comme Yves Lederle nous l’a rappelé, « ce n’est pas un hasard si les écuries de F1 ont toutes leur simulateur ».



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