Sport mécanique, sport diabolique ?
(Photo: Vinciane Beernaut) |
Nous avons appris ce mercredi 11 septembre 2019 l’annulation du Rallye de Régularité de Clervaux. La raison évoquée est un problème au niveau de la procédure administrative. Le communiqué de l’ACL laissait pourtant sous-entendre que la question environnementale joue un grand rôle dans cette annulation. AFNL Sport Media a cherché à comprendre l’impact réel du sport mécanique sur l’environnement.
(Commentaire d'Andy Foyen)
L’impact sur la faune
Il arrive de
temps à autres qu’il y ait des incidents entre le sport mécanique et la faune.
On pense par exemple à des animaux sauvages qu’on voit parfois débarquer sur un
circuit, ou aux accidents impliquant des sangliers lors de rallyes. Mais de
tels faits sont heureusement très rares. En effet, effrayés par le volume des
voitures, les animaux ont tendance à s’éloigner des tracés pendant les courses,
comme nous l’expliquait Gérald Wéry dans son reportage sur les Legend Boucles 2017 (à partir de 9:00 jusque 10:00). Le passage d’un rallye est donc pour un animal bien moins
dérangeant qu’un trail par exemple. Il n’y a donc quasiment aucun impact sur la
faune, aussi longtemps que de tels rallyes n’aient pas lieu chaque jour, ce qui est très loin d’être le cas au Luxembourg. Dans le cadre d’un circuit, il est, en plus, pour un animal sauvage très difficile de se retrouver sur le tracé,
puisqu’en théorie, tout accès lui est bloqué. Bien évidemment, certains
passent entre les mailles du filet, mais de tels événements restent évidemment
très rares.
L’empreinte carbone
Quand on pense à
l’environnement, on pense évidemment aux émissions de gaz à effets de serre
et plus précisément, au plus important d’entre eux, le CO₂. C’est
d’ailleurs souvent sur ce point que le sport mécanique est fréquemment attaqué
au niveau politique. Et pourtant le sport mécanique a une empreinte carbone
très peu importante quand on la compare à d’autres sports. C’était d’ailleurs
l’objet de l'article du 26 avril 2011, par le journaliste Cédric Voisard, paru dans le Figaro.
Il y
détaille les différents taux d’émission de CO₂. Lors du Rallye de
France 2010, environ 2700 tonnes de CO₂ ont été émis. À titre de
comparaison, c’est « l'équivalent
de 2160 trajets aller-retour entre Paris et New York en classe
économique. » De tels chiffres semblent énormes. Pourtant lors Roland
Garros le taux d’émission était … 50 fois (!) supérieur.
Ce fait semble totalement contre-intuitif au premier abord,
pourtant en approfondissant la question, on remarque que l’émission totale
ne se limite pas aux montures. En effet, il faut ajouter les déplacements des
participants, des spectateurs et surtout du matériel. Ainsi, dans le cadre du
Rallye de France 2010, 60% de l’émission du CO₂ provient du
déplacement des spectateurs. Il devient alors logique que Roland Garros soit un
très mauvais élève d’un point de vue environnemental. Dans le cadre de la Coupe
du Monde de Football 2010, on parle d’une émission de … 2 700 000 tonnes de CO₂, soit environ 63 fois plus que le Dakar de la même année.
Dans un évènement de sport mécanique, on estime que les
montures émettent moins de 10% des émissions totales. Ce taux augmente
évidemment si le nombre de spectateurs diminue. Mais alors, dans ce cas de
figure, les émissions totales deviennent insignifiantes. Au Luxembourg, en
période de championnat, 52 matchs de football ont lieu au niveau des équipes
premières masculines. Il faudrait additionner à ce total le nombre de matchs de
jeunes, des équipes réserves et des équipes féminines. On en conclut donc que le
football émet, de loin, plus de CO₂ que le sport mécanique.
D’où vient
alors cette mauvaise réputation ?
Le sport mécanique est en soi victime d’un manque de
communication dans son chef comme l’expliquait Cédric Voisard. Le sport
mécanique n’a pas cherché à obtenir une image « écologique ». Dans un
monde où le paraître est bien plus important que les faits, cette image fait
beaucoup de tort au sport mécanique. Les scandales des taux truqués chez les
constructeurs n’ont évidemment rien arrangé.
Il ne faut évidemment pas se voiler la face. L’argument
écologique est malheureusement souvent fallacieux. Il y a fort à parier que
l’on ne l’utilise pour cacher d’autres raisons, telles que le confort par
exemple. En effet, il vaut mieux dire qu’on veut « protéger
l’environnement », plus tôt que dire « Je n’ai pas envie que ma rue
soit bloquée » ou même « J’ai décidé de m’installer près d’un
circuit, pourtant le bruit me gêne ».
Il est malgré tout nécessaire de ne pas tomber dans l’excès.
Il ne faut pas dire que tous les opposants au sport mécanique sont des
personnes aigries qui ne veulent que leur propre confort. Le mot d’ordre dans
toute cette histoire, c’est le respect. Il faut respecter la nature, les
participants, les organisateurs, les riverains, les médias, et toutes les
autres personnes. Il en va de la survie du sport mécanique (et de tous les
divertissements en général).
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